Cinquième concours national de tir, 1896

Henri Dubois (1859-1943) ; 1888 (date du modèle) ; 1896 (date de l’exemplaire) ; Médaille biface ; bronze frappé ; 5,8 cm ; Paris, Monnaie de Paris, MED 1316

Cette médaille, conçue par le médailleur français Henri Dubois et frappée par la Monnaie de Paris, a été produite pour commémorer l’organisation du cinquième concours national de tir par l’Union nationale des Sociétés de tir de France en 1896.

Le tir devient populaire en France après la débâcle contre l’armée prussienne en 1871. Cette défaite marque fortement le pays et pousse l’État à mieux préparer ses soldats et sa jeunesse. Ainsi, la pratique du tir, qui était jusqu’alors perçue comme un loisir, prend une dimension militaire et idéologique et se propage pour former les jeunes hommes au maniement du fusil, sous couvert de propagande patriotique. Dès lors, les autorités insistent sur l’héroïsme des héros de guerre et sacralisent le sacrifice au nom de la patrie. Ce message se retrouve dans la médaille du Concours national de tir de 1896.

Au droit, se trouve au premier plan l’allégorie d’une Gloire ailée portant un soldat meurtri, dont le modèle est repris du Gloria Victis d’Antonin Mercié (1872-1875), une sculpture glorifiant les vaincus contre la Prusse en 1871. À l’arrière-plan, se dessine un champ de bataille désolé, recouvert de fumées, d’arbres brûlés et de ruines, où seul un soldat est représenté fusil à la main. Sous les pieds de la Gloire, figure une branche de laurier, symbole de victoire et de distinction, et en haut de la composition, sur le bord de la médaille, sont inscrits les mots « HONNEUR » et « PATRIE ». Henri Dubois rend ainsi hommage aux soldats tombés pour la France et témoigne de l’honneur dont ils ont fait preuve pour la patrie. Cet hommage est étroitement lié à la discipline du tir. D’une part, grâce au soldat au second plan armé d’un fusil. Et plus encore grâce au revers. Sur ce dernier, sont en effet représentés les blasons des villes de Paris et de Versailles, entrelacés de branches de laurier. La légende circulaire mentionne le nom du commanditaire l’« UNION NATIONALE DES SOCIÉTÉS DE TIR DE FRANCE ». La date de « 1896 » est inscrite en dessous des deux blasons et au-dessus d’un cartouche vide.

L’œuvre de Dubois s’inscrit dans le courant néo-baroque, qui se traduit par un fort réalisme, l’expressivité des personnages du droit et un foisonnement de détails au revers. Le lien entre le droit et le revers se fait par la branche de laurier, qui se trouve au pied de la Gloire et qui enlace les deux écus armoriés, le tout couronné par l’inscription. Le message est clair : la pratique du tir confère honneur et victoire à la France. La médaille remplit alors une double fonction de commémoration de la défaite de 1871 et de glorification des bienfaits du tir pour la patrie.

Rédactrice : Manon Ramat