La récompense ira au vainqueur
jeudi 17 octobre 2024
Claude-Léon Mascaux (1882-1965) ; 1924-1925 ; Médaille biface ; bronze frappé ; 5,0 cm ; Paris, Monnaie de Paris, MED 980305
Cette médaille en bronze de Claude-Léon Mascaux s’inscrit dans la technique de la gravure en creux, ce qui lui confère un relief en saillie, caractéristique du travail de l’artiste.
L’avers représente la déesse grecque Niké, figure allégorique de la Victoire, reconnaissable à ses attributs caractéristiques tels que ses ailes et la couronne de laurier. La déesse est elle-même couronnée, et ses cheveux sont détachés, lui conférant une aura de majesté. Son vêtement consiste en un peplos près du corps, révélant subtilement ses formes jusqu’à ses tétons, ce qui ajoute une dimension sensuelle à l’œuvre. La déesse est représentée de manière monumentale, en étant assise sur une structure architecturale rectangulaire, évoquant un podium. Ses ailes repliées soulignent une contrainte spatiale, parfaitement anticipée par l’artiste, mais n’enlevant rien à la grandeur du personnage.
Le regard de la déesse est dirigé vers la gauche de la médaille, où cinq athlètes masculins participent à une course. Leur parcours suit une ligne qui reprend la courbure de la médaille, accentuant l’impression de mouvement. Le listel en volume, intensifiant l’effet de bas-relief, accueille sur son bord la signature de « C. MASCAUX » au pied du podium. Ce jeu de volume, entre le champ uniformément plat de la médaille et les figures en relief, anime la scène et crée une véritable narration.
Les thèmes de la performance sportive et de la récompense sont soulignés par l’effort physique des coureurs. Ils sont représentés dans l’action et illustrent la beauté du geste. L’accent mis sur l’ensemble des coureurs, plutôt que sur la représentation univoque du vainqueur, permet d’intensifier l’effet de compétition, et le mérite du vainqueur, justifiant sa récompense. De sa main droite levée et d’un sourire bienveillant, l’allégorie semble d’ailleurs inviter le coureur en tête à franchir la dernière ligne droite vers la victoire. Penchée vers l’action, elle semble attendre avec impatience son dénouement. Bien que figé dans le bronze, le geste du coureur en tête suggère une dynamique finale et signale la fin de l’épreuve. La composition de l’œuvre offre ainsi une narration vivante de l’événement sportif, capturant l’effort et la tension de la compétition.
Les caractéristiques stylistiques de Mascaux sont reconnaissables dans son traitement des lignes horizontales et verticales, ainsi que dans la délicatesse des détails. Les mèches de cheveux de la déesse et les lignes souples de sa robe reflètent cette sensibilité artistique.
Pour finir, au revers se présente une couronne de roses bordant le listel et évoquant la forme de la couronne de laurier tout en s’inscrivant dans l’esthétique de son époque avec des motifs végétaux stylisés typiques de l’Art Déco. Ce motif est présent dans d’autres œuvres de Mascaux, comme sur la médaille du Cheval marin.
Rédactrice : Margot Guertin