Sports-Victoire

Edouard-Pierre Blin (1877-1946), 1912, Plaquette biface ; bronze frappé ; 4,3 x 5,2 cm Paris, Monnaie de Paris, MED 912002

Cette médaille, réalisée par le médailleur français Edouard-Pierre Blin, est une récompense sportive de forme rectangulaire et cintrée dans la partie haute. L’avers comporte une allégorie intemporelle, sous les traits d’une femme vêtue à l’antique, qui peut être identifiée à Nikè, déesse de la Victoire, mais ici dépourvue d’ailes. Elle se tient debout en position centrale. De sa main gauche, elle saisit l’épaule d’un athlète assis, vêtu d’un maillot, d’un short et de chaussures de sport aux chaussettes montantes. Il tient un drapeau, et repose à côté de son genou un objet conique, qui pourrait être un porte-voix. Dans sa main droite, l’allégorie féminine tient un rameau de laurier qu’elle tend au-dessus de la tête d’un second athlète, en signe de victoire. Celui-ci est dans une position semblable au premier, mais est vêtu d’un maillot de bain, a les pieds nus et tient dans sa main une rame, qui pourrait être une rame d’aviron. Les trois personnages prennent place sur une structure qui évoque la forme d’un podium, renvoyant ainsi au temps de la remise des récompenses après l’épreuve sportive. Il est à noter que des rameaux de laurier décorent le siège du vainqueur, tandis que des feuilles de chênes, symbole de force, ornent le siège du vaincu.

Les trois personnages adoptent une composition pyramidale, dans un souci d’équilibre propre à l’esthétique du début du XXe siècle, qui est renforcée par la direction des regards : le vaincu dévisageant le vainqueur, qui scrute la Victoire tandis que cette dernière regarde au loin. À l’arrière, en très faible relief, une voile triangulaire rappelle la silhouette d’un bateau à voile et renseigne encore un peu plus sur les conditions de l’épreuve sportive.

Au revers, un cartouche laissé lisse est entouré de rameaux d’oliviers dans lesquels s’entremêlent des attributs de différents sports d’été : une raquette de tennis, un ballon de rugby, une roue de vélo, une cible, une carabine, des mousquets entrecroisés et une crosse de golf. Ce type d’iconographie combinant différents sports est récurrent sur les médailles sportives, et se retrouve par exemple sur une autre médaille de Blin intitulée Force et Courage, ainsi que chez d’autres médailleurs comme Lucien Coudray et sa médaille Les Sports de 1902. Enfin, à l’arrière-plan de la plaquette de Blin, deux bateaux de vitesse concourent sur l’eau. Il est à noter l’influence d’Oscar Roty dans le déploiement du paysage, permis par le support de la plaquette réhabilitée par ce dernier à partir des années 1880.

Rédactrice : Maïa Sarrand