Concours de tir – Le Mans

Cette médaille intitulée Concours de tir, a été créée en 1909 par Félix Rasumny, médailleur, sculpteur et bijoutier français d’origine russe, pour récompenser les vainqueurs du XVI^e Concours national et international de tir. Ce concours s’est tenu au Mans, en juin 1909, en rassemblant près de dix mille tireurs de différentes nationalités et concourant pour divers prix.

La médaille est de format rectangulaire aux angles arrondis. Sur l’avers, est figurée une scène de bataille. Disposés en pyramide, un groupe de six soldats armés et vêtus d’uniforme est représenté. Chacun est dans une attitude personnalisée. Au premier plan, se trouve un chasseur d’Afrique écrasé par son cheval renversé au sol. Au centre de la composition, se tient un officier porte-drapeau. À sa droite, se tiennent un chasseur à pied et un zouave. À sa gauche, un artilleur blessé est empêché de tomber par le bras qu’il a passé autour d’un canon. Le sixième personnage est en arrière-plan et seul son buste est visible. Le groupe est rassemblé autour d’un pilier. Ils sont tous en mouvement et tournés vers la droite comme s’ils chargeaient. Aux pieds du groupe, un panneau indique « CROISY / 1885 ». Le monogramme de l’éditeur Adolphe Duseaux est placé en bas à droite de la composition. À gauche, verticalement, est inscrit « F. RASUMNY D’APRÈS CROISY » pour associer la signature du médailleur au sculpteur qui est à l’origine de la composition monumentale reprise pour servir de motif à la médaille. À l’exergue, figure l’inscription « XVI^ME CONCOURS NATIONAL ET INT^AL DE TIR. LE MANS 1909 » permettant de préciser l’évènement pour lequel cette médaille a été frappée.

L’iconographie du groupe est inspirée par le Monument à la mémoire des Combattants de la Deuxième Armée de la Loire, commandée par le général Chanzy qui a été conçu par Aristide Croisy en 1885 pour la place Washington au Mans. Ce monument rend hommage au général Chanzy qui, durant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, a commandé les troupes de la Deuxième armée de la Loire, en finissant battu au Mans entre le 10 et le 12 janvier 1871. Ce monument s’inscrit dans la volonté de la Troisième République de glorifier les grands hommes de l’histoire de France et d’héroïser la défaite. C’est aussi dans cette idée que l’iconographie du monument est reprise sur les médailles. En effet, les sports de tir sont associés à la tradition de la guerre et soutenus par les gouvernements successifs, dans l’idée de préparer la revanche.

Le revers de la médaille est garni d’un cartel nominatif, ici non rempli, mais destiné à recevoir le nom de la personne à qui la médaille est destinée. À l’arrière et remontant sur le bord gauche, sont figurés des rameaux d’olivier, symbole de paix depuis l’Antiquité grecque. Au-dessus, se trouve le blason de la Ville du Mans. Il est encadré par deux pistolets et deux fusils croisés. Dans la partie haute, détaillée en très bas-relief, est représentée une vue recomposée de la ville du Mans, dominée par la cathédrale et traversée par la Sarthe. Le panorama est couronné de l’inscription « VILLE DU MANS ». Dans le coin inférieur à gauche, figure un énième monogramme indiquant le nom de l’auteur du revers.

Cet exemplaire est typique de la production de médailles sportives avec toutefois l’originalité de s’inscrire dans un contexte régional.

Rédactrice : Leanne Raffard-Renvoise