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Villa du Temps retrouvé - La Société des amis de la médaille française ou la Belle Epoque en médailles

A la fin du XIXe siècle, la peinture dominait le marché de l’art et de la collection. En contrepoint, des domaines artistiques réputés élitistes comme l’estampe et la médaille avaient besoin du soutien de collectionneurs et d’amateurs éclairés pour évoluer vers de nouvelles esthétiques.

Très influent dans le milieu artistique parisien, l’homme de lettres et critique d’art Roger Marx (1859-1913) fonda la Société des Amis de la médaille française le 28 février 1899 pour donner un nouvel essor à la médaille, inventée en Italie par Pisanello au milieu du XVe siècle.

Le projet de Roger Marx fut ambitieux. Il fit se rencontrer des médailleurs déjà célèbres et d’autres moins connus, dont le talent les prédisposait à réinventer la médaille sous un vocable plus décoratif. C’est dans ce contexte particulièrement stimulant que Louis-Oscar Roty, le créateur de la Semeuse que les Français pouvaient admirer sur les nouvelles monnaies d’argent depuis 1897, et le décorateur et illustrateur Alexandre Charpentier ont pu se côtoyer au sein de la Société des Amis de la médaille française. Le grand sculpteur Emmanuel Frémiet, le potier d’étain Jules Desbois et l’artiste animalier et collaborateur de Rodin, Victor Peter, ont aussi répondu à l’appel généreux et enthousiaste de Roger Marx, et cela pour le plus grand plaisir des souscripteurs de la société.

De 1899 à 1920 soixante-deux médailles et plaquettes, frappées en bronze, en argent et parfois en or par l’Administration des monnaies et médailles, ont été proposées aux centaines de membres français et étrangers de l’association. La société française de la Belle Epoque y est illustrée avec acuité, vérité, douceur et poésie. Les thèmes de l’enfance et de la famille, de la femme et de la douceur de vivre, de l’Antiquité et de sa mythologie, de la ruralité et de la révolution industrielle, des revendications sociales et de la guerre, ainsi que l’Exposition universelle de 1900 sont évoqués avec réalisme et sensibilité. Roger Marx, en fin connaisseur et critique d’art, savait qu’il fallait laisser libre cours à l’imagination et à la créativité de chaque artiste pour que sa société d’amateurs et de collectionneurs influence durable l’art de la médaille. Et, il y parvint avec brio.

Béatrice Coullaré

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